01/05/2012

La française des jeux, nouvelle version de l'Etat-providence...

Vrai ou faux travail, c'est la question en vogue le 1er mai, mais en réalité tout le monde s'en fout.

Pour la bonne et simple raison que tout le monde a intégré que le travail ne paie plus depuis longtemps. C'est le capital qui a gagné. C'est lui qu'il faut viser. De la vieille et bonne propriété privée, et qui rapporte si possible.

Enrichis toi, et le banquier t'aidera...

Le travail c'est juste un statut, un brevet de bonne conduite, une attestation à présenter pour montrer que tu n'es pas un chômeur, un assisté, un fonctionnaire, un syndicaliste. C'est à dire que ta rémunération mensuelle n'est pas prélevée sur le dos des autres. Bref, que tu n'es pas un parasite.
Euh, les rentiers ? Non, ça se sont des investisseurs, ils ne vivent pas à notre crochet, c'est nous qui mangeons grâce à eux. Voyez la nuance !

Oui le travail ne paie plus, disais-je.
"L'ascenseur social est en panne", voilà un poncif régulièrement resservi depuis des années. Or comme il ne croit plus en l'efficacité des pouvoirs publics depuis belle lurette, le français moyen semble en avoir fait le deuil et vise d'autres stratégies pour tirer son épingle du jeu.

Cela fait d'ailleurs belle lurette que les pouvoirs publics eux mêmes nous ont aidé à faire ce deuil. Tu ne peux compter que sur toi même. Tu n'obtiendras rien des autres. N'attends plus d'arrangements collectifs. Les ententes sont une corruption qui nuit à la bonne marche de la concurrence totale. La solidarité est un vice, la concurrence c'est la vertu. Et le social, c'est le mal ! 

Souvenez-vous de la panacée des retraites par capitalisation individuelle qui devaient sauver le monde, si un grain de sable en 1995 imputable à notre archaïsme syndicaliste n'avait pas tout fait capoter. Ce n'était que partie remise. Certes les retraites sont encore pour longtemps encore empétrées dans cet affreux collectivisme, mais pour le reste, on est sur la bonne voie.

On a bien compris que dans ce monde, on est seul contre tous. Pour consolider son niveau de vie, et le transmettre à sa descendance, il faut donc se constituer un patrimoine par ses propres moyens. 

Tous propriétaires (donc tous généreux bienfaiteurs des banques)

Les français le savent bien, qui achètent un logement non plus pour se loger dans les meilleures conditions possibles, mais de plus en plus pour spéculer

De nos jours, c'est comme ça qu'on s'enrichit. En étant plus malin que les autres. On est assez malin pour jouer le pigeon pendant 30 ans à s'endetter auprès d'une banque, car on sait qu'à la fin on trouvera bien un pigeon bien moins malin que nous qui nous rachètera la baraque à un prix d'or et qu'on fera donc la culbutte. On est malin n'est-ce pas? (bon bien sûr, faut pas que la crise mette le bazar, mais bon, on est bien protégé, hein?)

L'essentiel, c'est de devenir riche. Ce n'est pas notre président qui nous contredira, pour qui la vie ne vaut pas d'être vécue si on n'a pas cette perspective (j'exagère, il a juste dit que Steve Jobs avait dû payer 75% d'impôts sur son revenu, il aurait gardé son génie pour lui tout seul, et l'humanité tout entière aurait dû continuer à vivre sans iphone, ouille !). Il nous a d'ailleurs répété il y a peu qu'il était immoral que l'Etat "se serve au passage" quand il s'agissait de transmettre un patrimoine à ses enfants. Ben oui, à quoi bon s'épuiser à s'enrichir si on ne peut pas fonder de dynastie familiale? 

Une chance au tirage, une autre au grattage

En dernier recours, quand on ne nait pas avec une cuillère en argent dans la bouche ou un cerveau de Steve Jobs dans le crâne, et qu'on n'a pas la patience d'attendre 30 ans, il te reste l'Etat-Providence, dans sa nouvelle mouture, intégralement compatible avec le capitalisme, celle là. En d'autres termes, si tu n'as obtenu la réussite par héritage, et que tu n'as pas pour autant démérité,  remets-en toi au hasard.

Le jeu en vaut tellement la chandelle, qu'on serait idiot de pas tenter. La française des jeux est ta dernière planche de salut !

Faut dire qu'on a sans doute la meilleure française des jeux du monde, nons voisins nous l'envient. Un pôle d'excellence à la française ! Reconnaissons le, la stratégie du gouvernement durant ce quinquennat a porté ses fruits : pour faire face aux conséquences des délocalisations et de la crise, il avait tout misé sur la libéralisation du commerce des jeux en ligne. Activités qui allaient stimuler la croissance, regonfler les recettes fiscales, bref, rebooster l'économie ! Sous l'oeil gentiment critique du PS, qui m'avait fait rire à cette occasion en parlant sans sourciller d'aider la Française des Jeux et le PMU à renforcer leurs missions d'intérêt général !

Révélation (au village)

C'est vrai qu'au début, je me demandais si les français ne nous faisaient pas un syndrome de Stockolm avec le capitalisme. En effet, plus le capitalisme les enfonce, plus ils s'accrochent au capitalisme.

Puis je me suis écrié "Eureka, j'ai trouvé". J'ai compris l'idéologie capitaliste et ça m'a convaincu. On est bien seul contre tous. Méfions-nous de tout le monde, le monde est sauvage, dangereux, il y a trop d'étrangers mais pensons d'abord à nous. Accordons nous la préférence, accordons nous la priorité... Et ne nous faisons pas de cadeaux... Il est tellement plaisant de niquer les autres et de ne pas payer d'impôts. L'impôt, c'est le mal absolu. Tout le monde a le droit de devenir riche, tant que ça ne me coûte pas un sous d'impôt. Voilà notre nouvelle devise...

Je préfère donc donner à la Française des Jeux, plutôt qu'au Fisc, car j'ai plus de chance de finir riche de cette façon,  même si in fine ça va à l'Etat... Ca me contrarie moins...
D'ailleurs, dans mon village, il n'y a plus de poste, plus de perception, mais un Tabac Presse PMU. J'y vais tous les jours tenter ma chance. C'est ça l'égalité des chances désormais... J'y crois chaque jour. C'est ainsi que j'ai retrouvé foi en l'avenir...



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